Vieux tapis usés et néons blafards pour mon premier cours de Yoga
Février 2016
1997. Je bosse dans une entreprise de textile où il règne une ambiance du tonnerre. Tous des jeunes (j'ai 25 ans à l'époque...) remontés (ou démontés). A la machine à café avec la cigarette du matin, c'est déjà le fou rire.
Dans la vie, c'est vrai, je ris beaucoup, je sors, je bouge, je danse, je joue du djembé...et je fume aussi pas mal. Mais je sais que j'ai au fond de moi une blessure qui fait encore mal.
Une mouche me pique. Je vais commencer le Yoga. Une idée qui me vient de nulle part et que je décide de suivre. Parfait, il y a un cours de Yoga au centre sportif de Louvain-la-Neuve. Le lundi soir à 18H.
Alain Foulon a l'air d'un Bouddha chinois, avec un ventre bien rebondi, la boule à zéro et un caractère bien trempé. Comme tout le monde, je prends un vieux tapis usé que je traîne dans la salle voisine. Petite pièce, avec plein de minous sur le sol, des murs d'un vert pomme peu engageant, le tout éclairé avec des néons blafards. Bref, rien de très idyllique côté décor.
Pourtant, je suis tout de suite interpelée par le cours.
Bon, c'est vrai que je dois me retenir de rire quand j'entends chanter le Om en début de cours (je ne sais même pas ce que c'est et je n'étais pas préparée à "ça"). Alain donne le cours en donnant des instructions précises et en corrigeant nos postures, mais lui reste en retrait et ne fait aucune posture.
Son language direct me plaît assez. "Ce ne sont pas vos intestins qui posent problème, le problème c'est que vous êtes constipés dans la tête." Ah bon, d'accord....
En 2005, victime d'un accident vasculaire qui t'a laissé des traces indélébiles, tout s'est arrêté. Nous étions désemparés, comme orphelins. Sans toi, Alain, jamais je n'aurais imaginé que, pas après pas, le Yoga allait définitivement faire partie de ma vie. Même si j'ai longtemps continué à faire la fête, à voyager, à profiter de la vie entourée de super amis et que je me contentais d'un cours d'une heure par semaine, le Yoga faisait déjà partie de ma vie. Souvent je tenais tête à mon boss (et je l'ai envoyé promener plus d'une fois) qui voulait me faire terminer une urgence (soi disant) en fin de journée.
No way. Le cours de Yoga était une priorité pour moi.
Merci, Alain.